Pourquoi vous devez absolument éviter la location de votre site internet sur 48 mois

8 Juil 2020

Le piège des agences web qui vous vendent un site internet sur 48 mois en « one-shot » en 2020

Il fait beau, il fait chaud, et un parfum de liberté souffle à nouveau sur notre économie. Pour beaucoup d’entrepreneurs, dont vous-même, ça y est, c’est le moment de se lancer.

Comme d’autres, le confinement vous a permis de réaliser que vous manquiez d’atouts numériques, il est donc grand temps de réaliser votre site internet. D’ailleurs, ce n’est pas votre interlocuteur assis en face de vous, costume trois pièces, à tout juste la vingtaine, bien peigné et parfumé, qui vous contredira.

Que nenni! C’est même lui qui vous a démarché quelques jours auparavant. Il est poli, très sympa, bien qu’un peu insistant sur le fait de signer ce jour même. Mais bon, la remise accordée a l’air tellement intéressante si vous signez immédiatement, que vous vous laisseriez bien séduire… et vous auriez tort de le faire avant de lire cet article.

Plusieurs types de prestataires

Revenons aux bases : comme nous l’avons évoqué dans un précédent article, il existe différents types de prestataires web en mesure de réaliser votre site internet. Si nous devions résumer au maximum, vous aurez ainsi affaire à trois acteurs principaux :

L’agence web classique, avec plusieurs collaborateurs, chacun ayant sa spécialité

Le Freelance, qui par définition travaille seul ou parfois en collaboration avec des sociétés partenaires

« L’agence web » sillonnant les routes de France, à l’aide de son armée de commerciaux, proposant des contrats de location d’une durée de 24 ou 48 mois (c’est plus souvent 4 ans)

N’y allons pas par quatre chemins : si votre souhait est de vous engager sur une longue durée sans possibilité de rompre le contrat (quel que soit votre degré de satisfaction), de louer votre site internet sans en être propriétaire, et finalement de souscrire à un crédit à la consommation, n’hésitez pas, foncez et choisissez le troisième larron, vous en serez ravi !

Des méthodes de vente rodées aux contrats extrêmement bien ficelés (je vous laisse deviner à quel avantage), tout est étudié pour que vous soyez cadenassé, sans autre échappatoire, après signature, que la fin de votre contrat, qui bien souvent arrivera 4 ans plus tard…

Au commencement était la signature « one shot »

Lorsque vous recevez l’un de ces « conseiller en communication », partez du principe que vous avez affaire, dans la grande majorité des cas, à un commercial, qu’une hiérarchie castratrice presse comme un citron afin d’obtenir de lui le maximum de résultats dans un minimum de temps. Commercial qui, une fois vidé de son énergie, sera remplacé : le « turn over » étant monnaie courante au sein de ces enseignes.

Ce vendeur, donc, qui est, bien souvent, aussi pointu en webmarketing que ne l’est Jean Pierre Fanguin en littérature (ou Nabilla en ingénierie des systèmes) a, en revanche, appris par cœur (mais alors par cœur) un argumentaire de vente, dite d’entonnoir, le but étant de vous manipuler, afin de vous faire signer un contrat le jour même de votre entrevue, sans possibilité de réflexion.

Cet entonnoir vous servira par la suite de couvre-chef lorsque vous réaliserez l’étendue des dégâts…

Pourquoi un contrat de 48 mois ?

C’est le moment de vous décrire les rouages de ce système. En effet, quel peut bien être l’apport bénéfique d’un contrat qui porte sur une durée de QUATRE LONGUES ANNEES pour les deux parties ?

Bon, mettons fin au suspense, du côté du client, la liste des avantages est aussi longue que la liste des diplômes de la plupart des candidats de téléréalité : en bref, c’est le néant. En effet, quel bénéfice pourriez vous tirer d’un contrat qui vous lie pendant des années, et ce quels que soient les résultats ou le niveau de service rendu ? Question rhétorique…

Pour le prestataire, en revanche, c’est autre chose, là, on se fait clairement plaisir. Si vous avez la présence d’esprit de lire votre contrat avant la signature, vous remarquerez une clause stipulant que votre interlocuteur se réserve le droit de céder votre contrat à une société de location. Et dans 99 % des cas, c’est ce qui va arriver.

En d’autres termes, imaginons que vous ayez signé pour 200€/mois sur 48 mois. En faisant une multiplication, 200X48, on obtient 9600€, soit la valeur de votre contrat. Afin d’obtenir du cash immédiatement, la société avec laquelle vous vous êtes mis d’accord va vendre le dit contrat à une société de location, qui prendra sa commission au passage.

Vous voilà donc maintenant lié avec cette société de location, et non plus avec votre interlocuteur du départ ! Vous recevrez d’ailleurs un échéancier de ce « loueur », qui est en fait une banque.

Félicitations, vous avez dès lors souscrit à un crédit à la consommation sans même vous en rendre compte !

Et ce n’est pas tout…

Rien ne vous appartient, rien n’est acquis

Comme vu plus haut, vous êtes donc lié (cadenassé ?) à un crédit, que devez payer quoi qu’il arrive. Peu importe que votre prestataire ne réponde pas à vos attentes, ou même pire, qu’il disparaisse en cours de route ! Car oui, cela est arrivé de nombreuses fois, les témoignages en ce sens fleurissent sur internet : une société loue des sites internet sur 48 mois, puis disparaît du jour au lendemain. Généralement, les serveurs disparaissent également, les sites avec, et les clients se retrouvent à honorer des mensualités pour un service qu’ils n’ont plus, le site n’étant plus en ligne. Mais ça, c’est votre problème, pas celui du leaser! En effet, la banque qui vous a envoyé un échéancier se défausse de toute responsabilité dans l’exécution de la prestation, puisque par définition ils ne sont pas une agence web.

Mais imaginons que votre prestataire survive jusqu’à l’échéance de votre contrat. C’est alors que vous ferez d’autres découvertes merveilleuses :

Si vous ne dénoncez pas votre contrat au minimum 3 mois (c’est un laps de temps assez commun chez ces sociétés) avant la date anniversaire, vous aurez la chance de faire un nouveau tour de manège, partant ainsi en tacite reconduction pour une année supplémentaire.

– Lorsque, enfin, vous arriverez à vous libérer de vos obligations contractuelles, vous réaliserez bien souvent que rien ne vous appartient pas. Le site internet, vous l’aviez en location (pour bien souvent une somme absolument folle), il faut donc maintenant le restituer. Vous recevrez d’ailleurs une lettre de votre leaser en ce sens. En d’autres termes, plus de site internet,et ce, peu importe quelle somme vous avez déboursé pendant ces longues années.

Elle n’est pas belle, la vie ? (Pour votre prestataire)

Vous êtes les seuls responsables de vos actes

Vous l’aurez compris, nous ne pouvons citer ici de marques, d’entreprises, pour des raisons juridiques. En effet, si nous pouvons les déplorer, ces pratiques sont néanmoins parfaitement légales, nous ne pouvons donc que décrire cet environnement économique. Sans compter que ces sociétés ne possèdent pas seulement une armée de commerciaux, mais également d’avocats.

Charge à vous d’effectuer un travail de recherche en amont, il en va de votre responsabilité. Vous êtes entrepreneur, et vous ne devriez jamais signer de contrats sans en avoir lu absolument toutes les clauses, aussi petites soient elles. Et si vous ne comprenez pas les termes juridiques du contrat, faites-vous aider par des professionnels du droit.

En plus de votre devoir de lecture, vous devez également vous renseigner sur la société représentée par le commercial assis en face de vous. Pour cela, vous avez un énorme avantage par rapport à vos prédécesseurs : l’accès à l’information n’a jamais été aussi simple. Il existe une énorme encyclopédie sur internet (indice, elle commence par un G), et il est fort probable qu’en effectuant des requêtes avec les bonnes combinaisons de mots (société X avis, par exemple), vous tombiez sur des articles, des forums qui relaieront des cas assez édifiants…

Heureusement, depuis le 1er janvier 2015 et la mise en application de la loi Hamon, vous bénéficiez, dorénavant, de 14 jours pour vous rétracter avant de partir sur ce contrat longue distance. Votre commercial bien aimable du départ doit, d’ailleurs, contractuellement, vous fournir un formulaire de rétractation pré-rempli qu’il vous faudra renvoyer au siège du prestataire en recommandé avec accusé de réception. Si ce courrier n’est pas fourni, le prestataire est en faute et vous serez en droit d’annuler votre contrat. Je prends, cependant, le pari, qu’il aura menti par omission et qu’il ne vous aura certainement pas informé de cette possibilité légale de réflexion, ni ne vous aura indiqué la présence de ce  document légal avec le contrat. Quant à savoir, s’il ne vous l’a pas retiré sciemment de votre double du contrat…pour vous éviter la paperasse:-)

Je pensais d’ailleurs que cette loi allait signer l’arrêt de mort de ces « agences web one-shot », mais force est de constater qu’il n’en est rien. Ma constatation est qu’il ont réussi à compenser leur baisse de volume de contrats liée à une meilleure éducation des prospects par une augmentation considérable des tarifs des mensualités. Ben oui, réfléchissez, s’ils trouvent encore des pigeons, autant qu’ils payent pour les autres !

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